L’enseignement est en pleine remise en question.
Après la classe inversée : l’apprentissage réinventé, voici un nouvel épisode de cette saga, la démission de Céline Alvarez, auteur du livre « Les lois naturelles de l’enfant », qui a mis la toile en ébullition et créée un certain malaise du côté de l’éducation nationale. Et voici une source d’inspiration pour concevoir des modules e-learning.
Le contexte : l’éducation nationale contre les sciences du développement humain
D’abord, on pose le cadre. Des enfants qui savent lire à l’âge de 5 ans (parfois même avant), capable de réaliser des opérations à 4 chiffres, et surtout qui se passionnent pour l’étude ! Non, nous ne sommes pas dans une classe d’enfants surdoués. Il s’agit d’une école maternelle de Gennevilliers. Cependant, Céline Alvarez, une enseignante en marge du système – elle a passé le concours en candidat libre en 2011-, y expérimente des méthodes novatrices issues des sciences cognitives et de l’approche de la pédagogue italienne Maria Montessori.
Ça marche donc ! Au-delà de toute attente. Céline elle-même est stupéfaite. Des enfants, elle dit : « si on ne fait que soutenir leurs élans et leurs motivations intérieures, ils vont beaucoup plus loin que ce que nous nous aurions osé leur demander. » Et pourtant, après 3 ans d’expérimentation, la DGESCO, la Direction générale de l’enseignement scolaire chargée d’appliquer la politique du ministre de l’éducation, demande de mettre fin à l’expérience et de revenir aux « fondamentaux ». Céline Alvarez démissionne.
Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas le fait que l’éducation nationale aille contre la science, les faits et le bien-être des enfants. L’écrivain R. J. Ellory, dans Mauvaise étoile, nous avait prévenus : « La vraie stupidité, c’est être incapable de tirer les leçons de l’expérience. » Ce qui nous intéresse, c’est le côté lumineux de cette tentative. Le fait qu’il existe des sphères où l’on valorise les succès. Continuons de réinventer l’apprentissage en laissant les dinosaures profiter paisiblement de leur crépuscule.
Du fun, de l’interaction et des émotions : le e-learning qui fait des bulles
Secouons la formation e-learning afin d’éviter que la pulpe reste au fond. Sortons résolument des cadres, voire des carcans de l’académisme. « Quand on regarde la synthèse de tout ce que nous disent les sciences du développement humain, il n’y a aucun doute, l’être humain apprend en étant actif, motivé, aimé. Il n’apprend pas lorsqu’il est passif, lorsqu’il n’est pas motivé, lorsqu’il est stressé, » martèle Céline Alvarez.
Le Dr Wiseman faisait le même constat lors de son étude comparative entre le film pédagogique classique, la talking head (la tête qui parle) et une vidéo e-learning en dessin animé (utilisant la technique de l’animation sur tableau blanc). « Tout ce que vous faites, vous le faites mieux quand vous êtes de bonne humeur. Créativité, productivité, apprentissage…Ce que fait une animation sur tableau blanc, c’est de me mettre de bonne humeur. »
Il s’agit avant tout d’un état d’esprit. La formation doit être fun. Elle doit être guidée par un esprit de jeu. Elle doit faire appel au talent naturel de l’individu pour l’amusement. C’est une des meilleures façons d’obtenir l’engagement des participants dans un module e-learning.
Mais elle doit aussi les solliciter, les amener à agir, évoquer des situations concrètes et amener les apprenants à faire. Une vidéo e-learning intégrant ces éléments, le fun et l’interactivité, est finalement beaucoup plus « naturelle » (dans le sens où elle suit la nature humaine) qu’un film avec un intervenant présentant des concepts de manière savantes ou qui donne une conférence ! L’académisme n’est pas seulement austère et trop théorique. Il va surtout à l’encontre des impulsions fondamentales de l’individu qui fait l’expérience du monde.
Réveiller le potentiel latent par l’apprentissage : Céline Alvarez
Le fait suivant m’a toujours paru étrange : comment se fait-il qu’un enfant qui, avant d’entrer à l’école est curieux, intéressé, plein de questions sur le monde qui l’entoure se retrouve quelques années après à soupirer rien qu’en pensant à l’étude ? « Le cerveau humain est un super ordinateur programmé, pré – programmé pour apprendre, » explique Céline Alvarez, en s’appuyant sur les travaux du chercheur Stanislas Dehaene.
L’enjeu, à travers des modules e-learning ludiques n’est donc pas seulement d‘obtenir une meilleure mémorisation. C’est bien entendu ce qui se produit. Ainsi, le Dr Wiseman observait que « Comparé à une vidéo classique (une personne qui parle), le message est mieux mémorisé (+15%) quand il est en vidéo dessinée. Et cela concerne toutes les catégories d’âges. » Un score qualifié de « phénoménal » par le Dr Wiseman, étant donné qu’on parle d’enseignement pédagogique.
En fait, cela va plus loin. Il s’agit de réveiller le goût d’apprendre. Ce que montrent les sciences cognitives, c’est qu’on a sous-estimé le potentiel de l’individu. Autrement dit, créer des modules fun, interactifs, qui suscitent plus d’engagement de la part des participants amènera à la fois les apprenants à prendre plaisir à la formation mais aussi les rendra désireux de devenir toujours plus compétents en retrouvant l’envie de savoir.
Il y aurait encore beaucoup à dire à ce sujet. Mais ce que nous défendons avant tout ici, c’est une idée : osez la créativité dans la formation e-learning. « L’être humain est un être créatif, » dit encore Céline Alvarez. Il est doté d’un « enthousiasme inné pour créer ». Si le fait d’être « scolaire » est un défaut, alors l’insouciance, le non-sérieux et la fantaisie doivent être des qualités, en fin de compte.