Lorsque que l’on élabore des modules vidéo e-learning efficace, la première chose qui fait défaut, c’est l’absence d’une technologie précise concernant l’étude. Comme le fait remarquer le chercheur américain L. J. Najjar : « la plupart des guides de conception pour l’élaboration des produits multimédia pédagogiques proposés aujourd’hui ont été élaborés sur la base d’opinions d’experts […] plutôt que sur la base de résultats de recherches empiriques. » C’est pourquoi une approche scientifique par le biais des sciences cognitives comme celle du chercheur Richard Mayer est intéressante. Voici 8 principes pédagogiques tirés de ses travaux.
1. Le principe de cohérence
L’apprentissage est plus efficace lorsqu’il est concentré autour d’une notion. Il est nécessaire de débarrasser le sujet des informations qui ne sont pas essentielles. Une des illustrations de ce principe est le développement du microlearning, ces modules e-learning qui se concentre sur un seul élément développé sur 30 secondes à 3 minutes.
Lorsque nous parlons d’efficacité dans l’enseignement, nous parlons en fait d’une meilleure mémorisation des connaissances par l’apprenant.
2. Le principe de signalement
On retient mieux ce qui est mis en relief dans l’apprentissage. L’enseignant doit donc hiérarchiser les connaissances, signaler les informations clés et diriger l’attention des apprenants dessus.
Jusqu’ici, rien de bien surprenant. Les recherches empiriques confirment l’intuition. Le principe suivant, au contraire, bouleverse certaines idées reçues.
3. Le principe de redondance
Les études montrent que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le fait d’afficher à l’écran l’information qui est donnée oralement est nuisible à l’enseignement. Autrement dit, présenter un message sous plusieurs modalités ne donne pas un meilleur taux de rétention. Au contraire, cela sature les canaux de perception.
Il est bien plus efficace d’établir un équilibre entre le discours, la signification, et des images qui illustrent ce discours. Ainsi, les vidéos explicatives en animation sur tableau blanc donnent à voir des dessins, en même temps qu’une voix off « explique » la notion traitée. Un module e-learning sur ce modèle stimule deux canaux perceptifs, la vue et l’ouïe, de manière différente ce qui donne un meilleur taux de rétention.
Ci-dessous, voici un exemple de vidéo explicative. Voyez comment l’illustration en elle-même est porteuse de sens et comment le dessin et la voix off se complètent.
4. Le principe de contiguïté temporelle
Ce principe rejoint ce que nous disions auparavant, à savoir que la mémorisation de l’apprenant est plus grande lorsque l’information visuelle est synchronisée avec le discours. Logique ! Ici, les recherches de Richard Mayer rejoignent une étude du professeur Wiseman.
Celui-ci a fait une analyse comparative. Il s’est filmé en train d’expliquer des concepts scientifiques puis il a ensuite fait faire une animation sur tableau blanc avec la même bande son. Il a enfin montré les deux vidéos à différentes personnes. Il s’agit d’un classique A/B testing en fait. Son étude a révélé que, comparé à une vidéo classique (une personne qui parle), le message est mieux mémorisé (+15%) quand il est en vidéo dessinée. Et cela concerne toutes les catégories d’âges. Le Dr Wiseman a qualifié ce score d’ « absolument gigantesque ! »
5. Le principe de segmentation
On apprend mieux lorsque la formation est découpée en séquences plus courtes, segmentée, comparée à un bloc de connaissance traitant plusieurs aspects. Ce principe apporte encore de l’eau au moulin du microlearning.
Il est par ailleurs plus facile d’identifier les difficultés de la personne formée lorsque les supports pédagogiques sont ainsi séparées. Elle peut immédiatement se rendre compte si elle arrive à assimiler et utiliser la notion qu’elle vient d’étudier. Au contraire, sur un enseignement de deux heures, voire une journée, la difficulté est noyée au milieu des autres éléments de la formation.
6. Le principe d’intégration multimédia
Ce principe rejoint ce que nous avons évoqué dans des principes précédents à savoir le bénéfice certain pour l’apprentissage d’intégrer des éléments visuels. Rappelons que 90% de l’information transmise au cerveau est visuel et le visuel serait traité 60000 fois plus rapidement que le texte.
En France, nous avons une culture du texte, de la lettre, qui nous fait parfois oublier qu’un apprenant a besoin de pouvoir se représenter ce qu’il étudie. Si l’objet n’est pas disponible, une photo, un dessin, une miniature pourront faire l’affaire.
7. Le principe de personnalisation
Le recours à un langage de type conversationnel donne une meilleure mémorisation qu’un langage formel.
Dit plus clairement, “raconter une histoire” ou “illustrer par un exemple vécu” à un bien meilleur impact que n’importe quelle explication de théorie. On peut donc allègrement mettre au rebut les rituels de l’enseignement académique pour adopter une posture plus naturelle et plus fun.
8. Proscrire le jargon et définir les termes nouveaux
Eh oui, il y a un 8e point, essentiel, connu par beaucoup mais respecté seulement par une petit minorité qui est de parler en langage simple, de ne pas utiliser de jargon et de veiller à définir à chaque apparition d’un mot “complexe” sa définition. A elle seule, cette précaution vaut peut être l’ensemble des 7 autres points, car les conséquences néfastes causées par l’incompréhension des mots dans l’apprentissage est en fait absolument primordiale.
Si le web est en train de révolutionner l’éducation, ce n’est pas uniquement parce que l’information est accessible immédiatement et le plus souvent gratuitement, mais c’est surtout parce que les nouveaux modes de communication créés pour transmettre le savoir, que ce soit sur Youtube, via des MOOCs ou autre ne se propagent que dans la mesure où “ils fonctionnent”, c’est-à-dire que les gens les utilisent car ils apprennent vite et bien ! Et le test A/B “ultime” qui a permis de dégager ces 8 points provient de l’analyse des supports de formation qui “marchent”.